Shoah |
:
rempart de la mémoire Interview extrait du numéro spécial des CLES DE L ’ACTUALITE n°604 (20- 26 janvier 2005) |
Entre 1973 et 1985,
Claude Lanzmann a réalisé une œuvre
Son film a été diffusé en intégralité à la télévision |
.Les Clés:Pour quelles raisons avez-vous entrepris la réalisation du film Shoah ? |
Claude Lanzmann : Je l'ai fait parce que cela n'avait jamais été fait auparavant. Ce film, c'est une tombe, une sépulture pour les six millions de juifs disparus durant cette guerre. À ma manière, j'ai tenté de les ressusciter. Non pas en les rendant vivants, mais en les tuant une seconde fois afin que, cette fois, ils ne meurent pas seuls. Afin que nous mourrions avec eux.
|
Il faut
d'abord bien distinguer camps de concentration et camps d'extermination.
Dans les premiers camps, les déportés étaient faits prisonniers dans des conditions
ignobles. Concernant les camps d'extermination, qui se trouvaient en Pologne, et
non pas en Allemagne, c'était pire: ils n'étaient rien d'autre que des abattoirs. Les
personnes étaient gazées dans les trois ou quatre heures qui suivaient leur arrivée.
Les Allemands brûlaient ensuite les corps. Ils pilonnaient les gros os avec des dalles
de béton et dispersaient les cendres dans les lacs ou les rivières. En hébreu,
le mot Shoah signifie "anéantissement". Ce qui est, en fait, le thème de mon film: la
violence, la radicalité de la mort dans les chambres
à gaz.
· Pourquoi n'utilisez-vous aucune image d'archives des camps?
Parce qu'il n'en existe aucune. Il n'y a pas une seule photo du camp de Belzec, |
· Vous avez rencontré des
rescapés, mais aussi des officiers nazis. Comment les
|
· Pensiez-vous que votre film aurait un impact aussi important?
Durant les douze ans qu'ont duré le tournage et le montage, je n'avais qu'une
|